Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

biodiversité: la prédation des chats domestiques

Biodiversité : la prédation des chats domestiques (Felus catus)

 

 

Selon le  président de la fédération nationale des chasseurs  le chat est en train de tuer la biodiversité.  Il prône son  piégeage dès lors qu’il aurait la mauvaise idée de s’aventurer à plus de 300 mètres du domicile de son maître.

 

François Gemenne, chercheur et membre du GIEC a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux par sa déclaration sur LCI le 13 décembre selon laquelle, des données scientifiques révèlent que «  le chat est une catastrophe pour la biodiversité et le chien une catastrophe pour le climat ». Si cette  formulation est  un peu abrupte  elle porte bel et bien sur  un sujet rarement abordé qui  recouvre une réalité. Et il n’est pas inutile d’inviter les amoureux des animaux de compagnie à s’interroger sur leurs empreintes sur la nature et les solutions qui existent pour les diminuer.

 Cela étant à aucun moment F. Gemenne n’a appelé à se débarrasser de son animal de compagnie et à se priver de ses bienfaits !

 

 

 

Le terme chat domestique renvoie à plusieurs populations :

 

-        Le chat de propriétaire, nourri, logé, soigné.  Ils seraient  environ 15 millions en France.

-      Le chat libre : ce statut juridique a été créé  par la loi du 6 décembre 1999 pour mettre fin à l’euthanasie des chats errants.: « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de 200 mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de 1000 mètres du domicile de son maître et qui n’est plus sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ( code rural). Le maire est seul responsable de la divagation des chats. Il peut par arrêté, à son initiative ou à la demande d'une association de protection des animaux, faire procéder à la capture de chats errants vivant en groupe dans des lieux publics de la commune.,

-      Avant 1999 c’est l’euthanasie qui attendait ces chats capturés, pratiquée par les fourrières mais également dans les refuges en raison   d’une adoption difficile et de la surpopulation qui guette ces établissements. Sans parler des méthodes  pratiquées dans les campagnes, tirs, empoisonnement, piégeage…

 

Le principe: les chats errants capturés (à la seule demande du maire) sont stérilisés, identifiés (au nom de la commune ou d’une association)   puis relâchés. Ils deviennent alors des chats libres placés sous la protection de la commune ou d’une association qui assurent soins,  nourriture (sur le lieu de capture) et abris.).

 

 

-      Le chat haret ou chat errant  qui est un chat domestique (ne pas confondre avec le chat sauvage) retourné dans une sorte d’état sauvage ou semi sauvage en fonction de son lieu d’habitation et de la nécessité de trouver par lui-même sa nourriture (phénomène du marronnage).  Les raisons peuvent être la fuite, l’abandon, la naissance dans une lignée  retournée à l’état sauvage depuis plusieurs générations. Selon un rapport de l’association One Voice datant de 2018 ils seraient 11 millions en France.

 

Une menace sur la biodiversité

 

 

Tout ce qui passe à portée d’un chat est une proie potentielle : oiseaux, reptiles, petits mammifères, insectes ....

 

Les dégâts du chat de propriétaire restent relativement limités ( environ une trentaine de proies /an) : il évolue sur un terrain restreint, s’il est bien nourri il se contente de chasser, ne mange pas ses proies  et les ramène  souvent vivantes à son propriétaire.  J’ai à mon actif un nombre impressionnant de sauvetage de lézards verts et d’oiseaux…retirés délicatement  de la gueule de mes minettes  ou retrouvées sous notre lit puisque nos adorables minous conservent l’instinct de stocker leurs proies sur leur territoire (la maison dans lesquels ils vivent…) pour pouvoir les dévorer plus tard….En revanche aucun sursis pour souris et musaraignes….

 

Un Programme participatif  auprès des propriétaires de chats a été conduit par la Société française pour l’étude des mammifères. Selon les proies rapportées  (plus de 200 espèces chassées ) il se confirme que les plus chassées sont les petits mammifères, spécifiquement des rongeurs (68%), suivi des oiseaux (22%) et des reptiles  (lézards, petits serpents 8% et de manière anecdotique, des amphibiens, des insectes, des poissons, des araignées…..,

 Voir :https://www.chat-biodiversite.fr/publications-chat-biodiversite.html

 

On peut tempérer les ardeurs de notre  chasseur, par le jeu, en lui assurant une nourriture de qualité : le chat est un carnivore strict, il lui faut essentiellement des protéines animales, attention aux rajouts de céréales, légumes voire de fruits…dans les aliments bas de gamme. Enfin les petites proies étant  en activité au crépuscule et à l’aube gardons nos minous à l’intérieur.

 

 

Tout autres sont les dégâts des chats errants qui se nourrissent exclusivement dans la nature et peuvent capturer plus de 1.000 proies/jour

C’est une étude américaine de 2013 qui a donné l’alerte. Elle indiquait que les chats domestiques circulant en liberté tuaient chaque année aux États-Unis entre 1,4 et 3,7 millions d’oiseaux  (soit une médiane de 2,5 milliards) et 6,9 à 20,7 millions de petits mammifères (soit une médiane de 12 milliards). Elle précisait que c’étaient les chats errants les principaux responsables.

 

Sur les îles qui accueillent souvent une biodiversité endémique et fragile leur prolifération  est un véritable danger pouvant conduire jusqu’à l’extinction d’espèces.». A la prédation peut s’ajouter les croisements génétiques avec  des félins sauvages.

 

L’impact est important aussi sur la biodiversité urbaine. En 2019 des chercheurs français et belges ont constaté qu’entre 2000 et 2015 la mortalité des oiseaux de jardin avait augmenté de 50% en liaison avec l’augmentation des populations félines.  Ils appelaient à prendre en compte ce phénomène dans la gestion des parcs et jardins urbains.

 

Faut-il rappeler la responsabilité des propriétaires de chats dans la problématique des chats errants : Ce sont souvent les chats non stérilisés qui sont  abandonnés et les descendants de ces derniers.  En 4 ans, un couple de chats peut être à l’origine de plus de 20.000 naissances !.

La non stérilisation : même s’il vit toujours chez son maître un mâle peut très bien au cours de ses ballades s’accoupler avec des chattes errantes. De même les chattes peuvent se retrouver gestantes sans que le propriétaire l’ait voulu avec à la clef un risque que tout ou partie des chatons finissent abandonnés!. La limitation de la population des chats errants passe donc aussi par la stérilisation des chats de famille.

 

S’ajoute l’absence  d’identification (puce, tatouage) de leur animal qui ne permet pas de retrouver le propriétaire d’un chat perdu. Elle est obligatoire depuis 2012. En application de la loi du 6 décembre 1999 depuis le 20 décembre 2020, une contravention de 750 euros sanctionne tout propriétaire d’un chat non identifié. La moitié des chats présents dans l’hexagone ne sont pas identifiés.

Chacun en faisant stériliser et identifier son compagnon à quatre pattes contribue déjà, à son échelle, à la lutte contre la multiplication des animaux errants.

 

Mais seule une obligation des communes à stériliser les chats errants dans les villes  apporterait une solution face à leur nombre considérable qui pose des problèmes sanitaires,  de nuisances sonores et de bien-être animal. C’est ce que demandent les associations souvent les seules à en assumer la charge.. Le gouvernement  en application de la loi du 30 novembre 2021 sur la maltraitance animale devait remettre avant le ler juin 2022 un rapport sur la population chiffrée de chats errants en France et la question de leur stérilisation –moyens nécessaires et qui doit les mobiliser : maires, établissements publics de coopération intercommunale ou Etat. Le coût  global de la stérilisation (capture, identification, stérilisation, suivi) avoisinant les 2 milliards. Le rapport serait en cours d’élaboration…..

 

En 2021 le ministre de l’agriculture a créé l’OCAD « observatoire de la protection des carnivores domestiques » qui devrait suivre la  situation  afin d'’orienter les politiques publiques en matière de protection animale

https://www.cnr-bea.fr/observatoire-de-la-protection-des-carnivores-domestiques/

 

 

                                                   J. Thévenot

 

 

 

https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/projet-associatif/positionnements/position-lpo-sur-la-predation-du-chat-domestique position de la LPO

https://www.mnhn.fr/fr/le-chat-domestique-est-il-une-menace-pour-la-biodiversite Musée national d’histoire naturelle

 

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15/01/2024
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